Le Recueil de privilèges de 1696

Licence à la province de Gipuzkoa pour imprimer le « Nouveau recueil de privilèges », de Miguel de Aramburu. 1696.
Blason d’armes de la famille de D. Miguel de Aramburu. Façade de sa maison (Tolosa)
Couverture du « Nouveau recueil de privilèges...»  par Miguel de Aramburu. 1696

Recueil, confirmation et édition : tels furent les trois objectifs recherchés par les pouvoirs provinciaux lorsqu’ils firent imprimer le précis normatif de la Province à la fin du 17e siècle. Ce travail culminait une série ayant débuté avec les anciens cahiers de la fraternité au 14e siècle.

La mise à jour des ordonnances provinciales se poursuivit tout au long du 16e siècle sans jamais atteindre la perfection ou l’utilité souhaitée par les membres des Juntas. Les travaux de constitution du recueil commandité à Zaldibia, puis à  Zandategi et Cruzat, en constituent un exemple significatif. Dirigés par ces derniers en 1583, ils furent utilisés comme un matériel de base, auquel vinrent s’ajouter de nouvelles dispositions au cours 17e siècle. Toutes ces corrections et innovations, éloignées des originaux pour certaines, obtinrent l'approbation du correcteur. Carlos II signa finalement, le 3 avril 1696, l’autorisation d’impression définitive du recueil réalisé par Miguel Aranburu. La procédure, toutefois, fut ponctuée de nombreux rebondissements.

L’impression, en 1696, termine une procédure dont la dernière partie démarre en 1681, lorsqu’Aranburu est chargé par la Junta de réaliser un inventaire des Archives provinciales et, en 1685, de compiler et organiser les ordonnances antérieures. À partir de 1691, les Juntas hésitent : doit-on continuer à recueillir les ordonnances, comme cela se fait depuis 1583, ou doit-on les imprimer formellement ? L'impression pose problème : elle exige d’obtenir une autorisation royale, avec le risque de se voir refuser la licence d’impression ou, pire encore, de voir les pouvoirs royaux questionner une partie ou la totalité des contenus. Néanmoins, imprimer les documents à l’aide d’une licence royale renforcerait grandement leur légitimité et leur force légale. La licence d’impression est finalement demandée et le Conseil royal fait appel au correcteur Juan Antonio de Torres. Ce dernier, conseillé par Aranburu, eut besoin d'une année entière pour vérifier la véracité et la pertinence des documents.

Aranburu poursuivit ensuite ses tâches de coordination et d’intermédiation entre tous les corps et les représentants politiques impliqués dans la correction des textes et la définition de leur « légalité ». Plus important encore, grâce à la licence obtenue, il permit à la Province de disposer du droit de publication exclusif pendant 10 ans.

L’on demanda à l’imprimeur Bernardo de Ugarte, et à ses deux aides, de réaliser l’impression. Leur rythme de travail, irréprochable, fut toutefois limité par les difficultés rencontrées dans l’approvisionnement en papier : ils durent se rendre jusqu’à Bordeaux, en pleine guerre, pour obtenir du papier. Les travaux furent réalisés sous la surveillance directe d’Aranburu, dans la maison duquel l’imprimeur dut s'installer pour travailler. L’accord initial prévoyait un tirage de 3 000 exemplaires reliés. Si l’impression remporta un franc succès dans la Province (remplissant ainsi ses objectifs politiques et organisationnels), elle ne constitua pas une réussite économique. Alors que l’on espérait beaucoup vendre à Séville, Cadix et en Amérique, hauts lieux de l’émigration basque et de Gipuzkoa, plus de la moitié des exemplaires restaient encore invendus en 1697.

Le Nouveau recueil n’attendit pas longtemps pour passer sa véritable épreuve du feu : le changement de dynastie et les réticences des Bourbons. Ainsi, en 1704, le procureur du Conseil royal indique son désaccord avec certaines des dispositions recueillies dans le texte, en particulier celles concernant le régime douanier. Mais du fait de l’emplacement favorable de la Province et de sa collaboration militaire avec la nouvelle dynastie au cours de la Guerre de succession, la confirmation a lieu, accompagnée de la mention « sans préjudice à notre régale et notre patrimoine royal ».
 

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