Le discorde autour du port de Pasaje

« Vue du port de Pasaje et du fort Hay » (Thomas L. Hornbrook)
Plan de Ría et du port de Pasajes. 1760 © Archive du service historique militaire
Vue actuelle de la ría et du port de Pasajes

Le grand territoire concédé à la ville de San Sebastián lorsqu’elle celle-ci prend le statut de villa, à la fin du 12e siècle (qui s’étend de l’embouchure du Bidassoa à celle de l’Oria, de la côte à la Navarre) voit sa superficie réduire au cours des siècles suivants en raison de différentes modifications territoriales. Tous ces redécoupages de l’espace n’évoluent pas de la même façon selon les lieux et, aujourd’hui encore, restent parfois un sujet sensible (par exemple, à Igeldo, Altza ou encore Zubieta). Dans d’autres zones de la région, elles ont même entraîné des procès judicaires de grande envergure, dont certains n'ont jamais connu de résolution. Tel est le cas de Pasaia et de sa baie.

La pêche et le commerce, deux activités intenses caractéristiques de San Sebastián depuis ses origines, ainsi que les besoins en approvisionnement de la villa, traditionnellement déficitaire en production agricole, exigeaient une infrastructure adaptée. C’est pourquoi San Sebastián disposait de trois ports : Urumea, la Concha et le Pasaje. Le premier, spécialisé dans le trafic fluvial (le fleuve était navigable jusqu'à Hernani), prit le nom de la chapelle Santa Catalina située à proximité. Le « port principal », la Concha, fut à l’origine un simple lieu de mouillage que l’on dota en 1440 d’un quai, sous le mont Urgull, à côté de la muraille. Enfin, le port de Pasaje présentait les meilleures conditions en matière de sécurité et de capacité.

Dans cette configuration, contrôler Pasaia devient une priorité stratégique pour la villa, car ce lieu de mouillage naturel permet aux navires à grand tirant d’accoster en toute sécurité. Toutefois, de nombreux conflits surgissent autour de Pasaia en raison de la pression exercée par la villa de San Sebastián sur les riverains, ainsi que du contrôle des approvisionnements des communes locales (Oiartzun, Errenteria, Pasaia, Lezo), qui se voient privées de débarcadère pour leur ravitaillement direct.

En outre, San Sebastián obtient systématiquement gain de cause auprès des tribunaux en raison des dispositions médiévales qui lui octroyaient pleine juridiction sur une bonne partie de la baie. Les litiges se succèdent auprès les tribunaux, avec une telle hostilité que les habitants des villes concernées en viennent parfois aux mains. La situation empire lorsque l’activité des entreprises atlantiques accroît le rôle de la baie de Pasaia au 16e siècle. Les fortes taxes exigées par San Sebastián amènent fréquemment les villes d’Errenteria, d’Oiartzun et de Fuenterrabía à déposer plainte (Hondarribia : bien si la villa situe sur le Bidassoa, sa juridiction englobait également San Juan/Donibane et Lezo).

Toutes les tentatives (au 17e siècle) visant à redistribuer les pouvoirs sur ce lieu se soldent par un échec. En 1770, Donibane obtient son indépendance d'Hondarribia, et les efforts visant à exclure la baie de la juridiction de San Sebastián redoublent d’intensité. L’arrivée de Vargas Ponce, commissionné par le roi, suppose une profonde réorganisation du territoire. Il projette même d’intégrer à la Navarre le Bas-Bidassoa (y compris Lez, qui se trouve sous la juridiction d'Hondarribia jusqu’en 1812), mais la guerre napoléonienne l’en empêche. Cet érudit considère qu’une séparation complète avec San Sebastián, sur les plans juridictionnel et géographique, constitue la meilleure solution pour revitaliser le port. Par conséquent, en 1805, il ordonne de fonder une nouvelle ville, appelée Pasajes, dont la juridiction englobe la baie (San Juan/Donibane, San Pedro et, dans la seconde moitié du 19e siècle, Antxo). Pour remédier au manque de terrain et aux faibles revenus de cette nouvelle ville, un grand territoire lui est adjoint (qui comprend une bonne partie d’Altza). Ainsi débute une nouvelle vague de procès (qui durera 200 ans) visant à établir le bien fondé de ce projet, question restant sans réponse aujourd’hui encore.

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