Le Séminaire royal de Bergara

Tracé de la façade ancienne du Séminaire royal de Bergara (M.J. Lascurain, seconde moitié du 19e siècle)
Couverture de la publication : « Séminaire royal scientifique et industriel de Vergara : programme de son collège et enseignements académiques et particuliers » 1852
Dilatomètre, moitié du 18e siècle

Le Séminaire royal de Bergara, certainement la plus belle réussite de la Real Sociedad Bascongada de Amigos del País, traduit bien les préoccupations de cette société en matière d’éducation. Il constitue alors un véritable succès dans l'enseignement supérieur et la recherche. Le 19 août 1769, une cédule royale de Carlos III concède à la société Bascongada le collège de Bergara, précédemment aux mains des jésuites. En novembre 1776, un séminaire s’instaure en son sein afin de dispenser des cours de castillan, latin, français et anglais, mathématiques, sciences naturelles, ainsi que d'autres matières contribuant à la formation « des coutumes, de la religion et de la raison des jeunes gens ».

À cette époque, deux cycles d’enseignement sont établis. Le cycle général regroupe les matières humaines et culturelles, adaptées à l’éducation des jeunes nobles : lettres, langues, sciences humaines (histoire, mythologie, étude des blasons, etc.), physique, mathématiques, dessin et habiletés (danse, musique, escrime, équitation). Le second cycle, dit des enseignements particuliers, regroupe minéralogie, métallurgie, chimie, architecture publique, agriculture, commerce et politique. En 1778, l’État offre son soutien à la création des chaires de chimie, minéralogie et métallurgie. Les enseignements généraux sont pris en charge par des professeurs locaux, à l'exception des habiletés dispensées par un Français, François Duboix. Les enseignements particuliers, par contre, reviennent pour la plupart à des professeurs spécialisés provenant d’autres pays : les Français Louis Joseph Proust (chimie et métallurgie) et François Chabaneaux (physique), le Suèdois Anders Nikolaus Tunborg (avec Jerónimo Mas, il remplaça Fausto Elhuyar pour la chimie), et bien d’autres encore. La société entretient aussi des relations avec certains érudits écossais ou français qui ne peuvent se rendre à Bergara pour donner des classes.

Le séminaire disposait, en plus d’une bibliothèque et d’un cabinet, d’un imposant laboratoire installé dans la maison-tour de Zabala. Selon le Suédois Tunborg, sa taille était 4 fois supérieure à celui de Stockholm ou Uppsala. Le matériel nécessaire à sa construction fut acheminé de France et d’Angleterre. Au sein de ce laboratoire, Elhuyar parvint à isoler le tungstène, découvrant ainsi un nouvel élément chimique. D’autres découvertes intéressantes y eurent lieu, comme l'établissement d'une méthode pour rendre le platine malléable. On y réalisa également des analyses d’eaux minérales, des études sur la production de plaque en fer et fer-blanc, sur les mines de Somorrostro, les collections de minéraux du pays, etc.

Malgré son importance, le séminaire n’eut un impact que très limité sur la société basque. D’abord parce qu’il n’avait pas été pensé et conçu pour accueillir un grand nombre d'étudiants : 55 étudiants en moyenne entre 1776 et 1783, 125 entre 1783 et 1789, puis un peu plus de 90 entre 1789 et 1794. Ensuite, les Basques constituaient uniquement un tiers des étudiants : pour le reste, 44 % d’Espagnols (Andalousie, principalement) et 22 % provenaient des colonies, en particulier de Cuba et du Mexique.

La guerre de la Convention marqua la fin du Séminaire (il fut mis à sac par les troupes françaises), ainsi que de la société Bascongada. Suite à cet épisode, il fut transféré en 1794 à Vitoria, et ne revint pas à Bergara avant 1798. L'année 1848 vit la construction de la première École industrielle de la Péninsule. Le Séminaire disparaît définitivement en 1892, reconverti en collège d’enseignement secondaire, dirigé par les Pères dominicains.

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