Le patronyme ou apellido : reflet de l’évolution sociale en Gipuzkoa

Testament de Dª María Velez de Oñaz y Loyola. 1459  © Compagnie de Jésus.
Manuscrit original « Les sept livres de la descendance et de la parenté des fils d’Estevan de Garibay », connu sous le nom de « Mémoires ».1586-1594 © Real Academia de la Historia (Académie royale d’histoire)
Registre de baptêmes et de mariages.1590-1618. Paroisse de Santa María de la Asunción (Ordizia)

Les noms de famille, en tant qu’éléments historiques liés au passé des lieux et des personnes, ont toujours éveillé un grand intérêt. L’étude de leur évolution nous raconte les changements qui ont eu lieu à tel ou tel endroit, les variations linguistiques et, plus généralement, la relation des familles avec leur milieu social.

Qu’est-ce qu’un nom au sens espagnol de apellido ? Une des acceptions actuelles du mot nous dit qu’il s’agit du nom de famille, ou patronyme, qui permet de distinguer les personnes. Néanmoins, le Diccionario de Autoridades (1726) définissait le nom courant ou apellido comme « la manière ancienne d’appeler le nom des maisons principales, par la voix (dans le sens actuel d’appel) en réponse à laquelle suivaient les autres maisons rattachées à elles, et de cette manière se sont appelés apellidos les surnoms, puis les patronymes de toutes les familles ».

Cette définition est parfaitement applicable à l’usage du nom en Gipuzkoa au Moyen-Âge, car, jusqu’au 16e siècle, les noms prenaient la même forme que celle que l’on retrouve aujourd’hui dans ces noms de famille composés, si sonores, immédiatement identifiables comme d’Alava ou de Navarre et qui se réfèrent à un hameau (aujourd’hui bien souvent dépeuplé et qui constitue la seconde partie du nom) : López de Gereñu, Martínez de Irujo, Díaz de Zerio, etc. En Gipuzkoa, ce mode d’identification laissa ensuite la place à un autre mode, celui du nom unique lié à la maison. Notons que le mode ancien perdura à travers les descendants des grands lignages : Miguel Lopez de Legazpi, Iñigo López de Loiola, etc. Cette particularité traduit bien la conception différente de l’organisation sociale et des relations personnelles d’un modèle à l’autre.

Donc, si on laisse de côté l’emploi médiéval regroupant des personnes au-delà de la famille nucléaire (i. e. un lignage comme Gebara ou une communauté comme Alkiza), le nom représente ensuite, à partir du 15e siècle en Gipuzkoa, deux réalités de grande valeur sociale pour l’individu :

D’abord la maison : en Gipuzkoa, chaque personne a premièrement l’habitude d’adopter le nom de sa « maison » comme marque d'identification familière face au reste de la société. Le nom est donc le plus souvent celui du solar que l’on habite. Cette identification avec le lieu de résidence est si fort qu’il n’est pas rare de changer de nom (ou d’ajouter un nouveau nom d’adoption à son nom d’origine) quand on change de résidence (pour cause de mariage, de travail, etc.). Ensuite, l'identification est parfois aussi liée la localité d’origine : par exemple, une personne habitant à Tolosa peut se faire appeler comme tel lorsqu’elle se déplace en dehors de sa ville. Plus la personne va voyager ou s’installer loin, plus cette tendance est marquée, comme en Amérique particulièrement.

De telles mutations nominales pouvaient faire qu'un père n'ait pas le même nom que ses fils ou que ses frères (chose impensable aujourd’hui). C’est seulement à partir du 17e siècle que commence la fixation des noms, qui deviennent véritablement des noms de famille patronymiques car ils sont alors le plus souvent transmis par le père, indépendamment du lieu où on habite. La création de l’état civil en 1870 (Registro Civil) règle la double utilisation du nom paternel et du nom maternel. Un Décret Royal de 1986 permet aussi de permuter l’ordre de ces deux noms.

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