Chantiers navals et armateurs

Catègorie:
Économie
Auteur:
Gipuzkoa Geroztik
Titre:
Chantiers navals et armateurs
Date:
14/06/2011

À l’instar des caseríos, le secteur de la construction navale (les astilleros) traduit l’évolution économique et sociale de Gipuzkoa. Il connaît en effet plusieurs étapes, depuis les embarcations à rames et à voiles du 11e siècle jusqu’aux bateaux modernes. Cette évolution est perceptible dès le 13e siècle où, même si les embarcations de basse mer et de cabotage (petits navires marchands, baleinières, chaloupes, barques et canots) utilisent encore les rames, on construit déjà de plus grandes embarcations propulsées uniquement par des voiles. Cette transformation donnera l’utilisation de mats en bois fixes, toujours plus évolués et plus nombreux, qui débouchera sur le timon de bois lourd et la poupe droite, qui marquèrent la fin de la symétrie des embarcations. À mesure que les embarcations (au Moyen-Âge principalement des cocas) permettent une plus grande autonomie, la taille des coques, du pont avant et des voilures augmente sans cesse.

Le développement de la construction navale est comparable à celui des cités, non seulement du point de vue de la montée en puissance d'un groupe social lié à cette activité et aux activités connexes (scierie, corderie, voilerie, ferronnerie, etc.), mais aussi du fait de la régulation de l'exploitation forestière pour garantir les approvisionnements et de la métallurgie pour les outils et la machinerie, entre autres. L’augmentation simultanée des transports et du commerce développe les chemins et les routes, les attelages, les échanges au détail et en gros, la production alimentaire (y compris le cidre) pour nourrir une population non agricole de plus en plus nombreuse. Tout le territoire est touché par ces changements, pas seulement la côte.

Le littoral guipuzcoan connaîtra ensuite, au 16e siècle, une forte expansion de son activité navale, avec le développement des pêcheries et du commerce transatlantique. Des chantiers se multiplient d'abord à l'embouchure du fleuve Urola, autour de Zumaia, à Deba et à Mutriku. Ensuite, à la fin du siècle, de nombreux chantiers s'installent sur l'estuaire du fleuve Oria, dans la baie de Pasaia et le long de la ría de Oiartzun. La construction de bâtiments importants et toujours plus diversifiés (galions, navires de ligne, frégates) marque cette époque où les chantiers servent l’Armada espagnole, la flotte royale, le commerce américain, puis les Compagnies commerciales (Caracas et les Philippines, au 18e siècle).

Au 17e, l’apport guipuzcoan en terme naval est plus technique que quantitative. Après 1650, on remet en question les méthodes de construction traditionnelles. Les proportions et les tracés changent, notamment sous l’influence d’Antonio de Gaztañeta. La dynamique de guerre qui marque la politique extérieure de la Couronne espagnole utilise la plus grande partie des ressources navales. L’Armada est reconstruite et les chantiers navals guipuzcoans y participent. Cette époque s’inspire des conceptions françaises de fabrication et les galions sont remplacés par les navires de ligne. La destruction en 1719 des chantiers navals de Pasaia par les troupes françaises incita la Couronne à déplacer cette activité vers la Cantabrie, toujours sous la direction de Gaztañeta. Entre 1713 et 1730 néanmoins, 31 embarcations furent construites en Gipuzkoa.

La réorientation des critères de construction, à vocation anglaise, a lieu à partir de 1729, sous l’impulsion de Jerónimo Aizpurua Etxebeste et l’égide du Marquis de la Ensenada. Les nouveaux critères priment l'optimisation des ressources et l'amélioration des rythmes de production. Parmi les innovateurs signalons la famille Aizpurua, installée à Pasaia, une saga qui construira des bateaux jusqu'au 20e siècle, comme le « San Martín » (1746), à la construction duquel ont collaboré Juan Arizmendi, Nicolás Aizpurua et Manuel Aizpurua.

Les chantiers navals du passé ne prenaient pas la forme de hangars industriels comme aux 20e siècle, mais c’étaient des espaces à l’air libre protégés des marées et des vagues, où les bateaux étaient assemblés. Les seuls éléments architectoniques étaient un toit sommaire et un « gradin » en forme de plan incliné. Le canal, le quai et la rampe de Donibane utilisés par la Compagnie de Caracas dans el quartier Bizkaia de Pasaia sont des exemples intéressants d’astilleros guipuzcoans.

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