Conflits entre lignées, bandes et villas

Comme nous l'avons vu, c’est à partir du XIIe siècle, au haut Moyen Âge, que commencent à surgir dans les vallées les villes du Gipuzkoa. Ce qui entraîne la division des vallées, en raison de la ségrégation des villages transformés en villes, et des affrontements et conflits entre les nouvelles villes et les vallées contrôlées par la noblesse locale.

Sur le territoire de Gipuzkoa, plusieurs conflits surgissent entre les lignées, entre les lignées et les villas, ou même encore entre les lignées et les paysans qui y sont rattachés. Peut-être est-il plus juste de parler non pas de bandes, mais de « groupes de pression » dont les membres proviennent d’horizons diverses, et qui rejoignent ou quittent les alliances en fonction des caractéristiques de chaque conflit.

Face à la perte d’influence progressive des parientes mayores sur le territoire et ses habitants, les lignées choisissent d’adopter une double stratégie : elles s’allient pour lutter contre le pouvoir des villas et se rapprochent des oligarchies urbaines naissantes. Cette deuxième option se montre plus efficace pour conserver et réformer les grands solares, mais ne permet pas toujours d’éviter les conflits armés, aussi bien en Gipuzkoa que dans le reste des territoires basques.

Dans le même temps, le Roi de Castille met fin au statut de frontière du Gipuzkoa entre la Navarre et la Castille, en octroyant au Gipuzkoa une nouvelle organisation économique et administrative et en s’efforçant de consolider ses intérêts sur le Territoire du Gipuzkoa, pour faire face à la noblesse qui contrôle les vallées.

Les villas, unies et alliées à la monarchie, bénéficient d’une supériorité militaire sans conteste (1457). Elles commencent à consolider, notamment grâce à plusieurs cuadernos successifs, un mode de fonctionnement avant tout politique, caractérisé par l’égalité et l’horizontalité (en théorie tout du moins) entre les participants. La création d’une assemblée périodique, les Juntas Generales, complétée par des réunions extraordinaires et la délégation permanente d’un représentant, le député général, jettent les bases de la configuration juridique et politique de ce que nous connaissons aujourd’hui sous le nom de Territoire historique de Gipuzkoa.