Coexistence des cultures

Malgré l’importance que purent avoir certains de ces peuplements, nous n’y avons retrouvé aucun reste démontrant une quelconque influence romaine. Il est donc probable que leurs habitants les abandonnèrent progressivement pour se réfugier au fond des vallées et sur la côte, avant la conquête définitive de la péninsule par les armées romaines suite aux guerres de Cantabrie (années 29-19 av. J.-C.).

Les fouilles archéologiques des 20 dernières années mettent en évidence la coexistence d’éléments appartenant à des cultures différentes : les castros (des villages fortifiés) et les cromlechs (des cercles de pierres funéraires). Si ces éléments ne présentent aucune incompatibilité à première vue (les premiers constituant des lieux de vie et les seconds étant consacrés aux défunts) nous pensons qu’ils appartiennent à des cultures différentes, bien que voisines, du fait de leur absence de coïncidence géographique. En effet, à ce jour, nous n’avons retrouvé aucun castro à proximité de cromlechs (ni d’ailleurs de restes de vie de ceux qui ont construits ces cercles de pierre) ; et nous n’avons pas non plus retrouvé de cromlechs à proximité des castros (lesquels ne présentant aucun reste funéraire). La zone des cromlechs s’interrompt brusquement dans la vallée de Leitzaran, à Andoain, et se développe entre ce point et les contreforts des Pyrénées, quasiment jusqu’à Andorre. Nous songeons donc qu’il existait un groupement humain différent, identifiable aux Vascons. Les villes fortifiées, de leur côté, jalonnent la frange géographique où se situent les cromlechs, aussi bien dans la région du Gipuzkoa (Buruntza à Andoain) qu’à Lapurdi, en basse Navarre ou à Zuberoa, au nord des Pyrénées.

Encintes fortifiées

Néolithique signifie littéralement « une nouvelle forme de travailler la pierre » : les hommes n’extraient plus de fines tranches affilées de silex qui s’usent rapidement, mais polissent la pierre pour obtenir des outils bien plus efficaces. Mais la véritable révolution (qui s’étale toutefois sur des milliers d'années) survient avec la domestication des animaux (les restes les plus anciens, qui remontent à 5 300 ans, proviennent de la grotte de Marizulo, à Urnieta) et l’agriculture. Avec l’agriculture et le pâturage, les activités de la vie nomade autrefois essentielles à la subsistance deviennent complémentaires : chasse, cueillette de fruits, champignons, baies, herbes et racines, poissons et crustacés. La céramique, d’abord, puis la fonte des métaux ensuite (cuivre et bronze) participent à l’instauration d’un nouveau mode de vie et accélèrent le processus d’anthropisation, c’est-à-dire la transformation du paysage sous l’influence des hommes : par exemple, défrichements des terres pour les cultures et le pâturage. Paradoxalement, nous en savons beaucoup sur la vie des hommes à cette époque grâce...à leur mort. Les dolmens, inhumations dans des chambres de pierre, se trouvent en nombre dans les montagnes d’Aralar, d’Aizkorri et au sein d’autres zones montagneuses encore utilisées aujourd’hui pour le pâturage.

L’économie qui devient sédentaire et agropastorale permet des établissements humains stables grâce aux excédents alimentaires, à la spécialisation des métiers (travail des métaux ou de la pierre, par exemple). Les premières villes fortifiées font leur apparition, situées en hauteur, facilement défendables, permettant de contrôler le territoire environnant. Au cours du premier millénaire avant Jésus-Christ, les hommes commencent à utiliser le fer, grâce à l’influence des peuples celtes, et le processus d’anthropisation s’accélère. Sur le territoire de Gipuzkoa, l’on décompte huit peuplements fortifiés de différentes tailles et importances ; quatre d’entre eux forment une ligne dans la vallée d’Oria (comme l’ont peut s’en rendre compte sur la carte interactive suivante), c’est-à-dire à l’un des principaux points de passage entre l’occident européen et la péninsule ibérique. Les vestiges retrouvés ici (céramique celtibérique, bijoux d’Europe centrale) confirment l’existence de routes commerciales couvrant de longues distances.

L’excavation archeologique de Munoaundi

Habitation pendant l’âge du fer

À l’intérieur des peuplements, les maisons présentent une surface d’environ 60 m2, des espaces séparés pour les habitants, les animaux et le stockage ; l’utilisation de différents matériaux et l’accès facile à l’eau (de pluie ou de source) laissent penser que les hommes disposaient d’un certain niveau de confort, tel que nous pouvons le découvrir dans la reconstitution suivante.

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